dimanche 24 février 2008

Les hôpitaux amis des enfants

Vous savez probablement que certaines compagnies de lait maternisé, avides de trouver de nouvelles clientèles, se sont amusés à envoyer gratuitement des quantités de lait en poudre dans les pays en voie de développement. Répondant normalement au «Quand c'est gratuit, on en profite», les populations locales ont développé des besoins inutiles dont ils furent bientôt les tristes victimes.

Alors qu'ils disposaient depuis des siècles de l'allaitement maternel, assurément le système le moins coûteux et le plus accessible qui existe, ils se sont rendus dépendants d'un produit de remplacement artificiel qu'ils doivent finalement acheter. En effet, lorsqu'il cesse d'être gratuit, la production de lait maternel est devenue pratiquement nulle, par manque de stimulation.

Déjà, ces familles peinent à nourrir leurs enfants plus vieux et voilà, qu'une dépense s'ajoute quand elle aurait pu être évitée. Ils font les frais de leur naïveté et ont peu de ressources pour se défendre.

Toutefois, afin de contenir ce fléau, le programme «Les hôpitaux amis des enfants» a été créé par l'Organisation mondiale de la santé. Afin d'en être membre, les hôpitaux doivent répondre à 10 critères spécifiques, dont l'optique est la promotion de l'allaitement maternel. Donc, avant même l'accouchement et par tous les intervenants du milieu hospitalier, les femmes sont encouragées à allaiter leur enfant. Bonne idée, non? Très bonne idée même, compte tenu du contexte socio-économique.

Toutefois, s'agit-il d'une bonne idée dans tous les cas de figure? Dans une situation comme la précédente, cela semblait justifié, non seulement pour le bien-être de l'enfant, mais aussi pour celui de la mère. Alors, je repose la question : est-ce une bonne idée dans tous les cas de figure? Par exemple, cette idée est-elle transférable au Québec? Est-elle nécessaire au Québec? Les hôpitaux québécois doivent-ils devenir des hôpitaux amis des enfants? Y a-t-il au Québec une problématique qui le justifie?

Parce que, entendons-nous, être un hôpital ami des enfants au Québec, ce n'est pas promouvoir l'allaitement maternel, c'est l'imposer. Récemment, le CHAL à Châteauguay et la Cité de la Santé de Laval sont devenus des amis des enfants. Ainsi, il pourrait vous être impossible d'y accoucher, si pendant la grossesse vous choisissez de ne pas allaiter votre enfant.

Bien sûr, je crois en la vertu du lait maternel. J'ai allaité deux de mes trois enfants et c'est un souvenir délicieux. La proximité de bébé. Sa chaleur. L'émotion dans ses yeux. L'impression d'être indispensable et merveilleuse. Et le côté économique n'est pas à négliger.

Pourtant, je n'ai pas allaité ma fille. Ses anomalies génétiques rendaient sa déglutition difficile. Aussi, j'ai tiré mon lait dans une chambre d'hôpital froide et anonyme pendant les deux premières semaines, afin qu'on puisse s'en servir pour la gaver. Ensuite j'ai arrêté, parce qu'il n'y avait aucun plaisir dans l'acte. Mon bébé était loin de moi, malade et instable, en plus de me dévoiler chaque jour une nouvelle anomalie. Toute mon énergie était investie à rester près d'elle, forte et courageuse. Alors, je défie qui que ce soit de me juger comme une mauvaise mère pour avoir abandonné l'allaitement.

Pour leur défense, les promoteurs du programme des hôpitaux amis des enfants prétendent s'inquiéter avant tout du bien-être des enfants. Pourtant, le bien-être des enfants passe majoritairement par le bien-être de leurs mères. Si une femme se sent inconfortable, mal à l'aise, tendue, frustrée, stressée par l'allaitement, celui-ci est-il réellement bénéfique pour son enfant? Ces petites éponges émotionnelles ne risquent-elles pas de développer un sentiment de rejet à long terme? Qui sait l'impact psychologique que peut provoquer sur l'enfant un allaitement forcé?

Et puis, c'est quoi cette société qui tolère l'avortement, mais s'insurge qu'une mère n'allaite pas? Faudrait pas revoir un peu nos priorités? Avec toutes les pressions sociales auxquelles sont soumises les femmes aujourd'hui, est-il nécessaire de les faire sentir coupables ou indignes si elles décident de ne pas allaiter? Cela fait-il réellement d'elles de mauvaises mères?

Qu'est-ce qu'une mauvaise mère après tout? Une femme qui néglige d'inscrire son enfant à une activité du samedi matin? Qui court les soldes et n'achète pas de vêtements de marques? Qui tolère que tous les aliments de la maison ne soient pas nécessairement bio? Qui laissent ses enfants 10 heures à la garderie à cause de son travail? Qui ne planifie pas la relâche scolaire en fonction d'équilibrer plaisirs, activités sportives, stimulation intellectuelle et période de repos? Qui ne suit pas à la lettre les règles établies par tous ces manuels spécialisés pour les nouvelles mamans?…

Dans ce cas, sachez que je suis une mauvaise mère et que mes enfants m'adorent ainsi.

mardi 19 février 2008

2e album

Il y a longtemps que je n'ai pas écrit. Mes doigts étaient liés et mes mots coincés dans ma gorge. Je vais en sortir quelques uns avant qu'ils ne m'étouffent complètement.

Il y a quelques mois, je suis tombée dans un trou profond. Si profond qu'en levant les yeux vers le haut, je ne pouvais voir aucune lumière. Au cours des mois qui ont passé, j'ai planté mes mains et mes pieds dans la terre pour grimper, pour sortir, pour me libérer. Il m'est arrivée à quelques reprises d'apercevoir un minuscule point lumineux qui me prédisait une liberté prochaine, mais à chaque fois, mes mains et mes pieds perdaient leur grippe et je retombais plus bas.

Les gens de l'extérieur me crient de me dépêcher, de mettre plus d'ardeur. Pourtant, je mets tous les efforts que je peux. Et si ce n'est pas suffisant, est-ce que je pourrai sortir du trou un jour?

Y'a pas quelqu'un pour me lancer une corde?
Je promets de ne pas m'en servir pour me pendre ;0)

Mel